LE BON USAGE DES NOUVEAUX BIOMARQUEURS SANGUINS POUR ALZHEIMER
- Nicolas VILLAIN

- 10 févr.
- 2 min de lecture

Depuis plusieurs années, la recherche sur la maladie d’Alzheimer a fait d’importants progrès grâce aux biomarqueurs, ces indicateurs biologiques permettant de détecter les signes de la maladie bien avant l’apparition des symptômes. Jusqu’à récemment, ces biomarqueurs nécessitaient des examens lourds et coûteux, comme la ponction lombaire pour analyser le liquide céphalorachidien ou l’imagerie cérébrale par PET scan. Aujourd’hui, des tests sanguins beaucoup plus accessibles, notamment basés sur la protéine pTau217, ouvrent la voie à un diagnostic plus simple et précoce.
Grâce au soutien du Lion’s Club Alzheimer Universal, l’étude menée sur la cohorte MEMENTO a évalué la fiabilité de ces biomarqueurs sanguins dans des conditions réelles, dans les centres mémoire français.
Les résultats soulignent un point crucial : pour éviter les erreurs diagnostiques, les tests de mémoire doivent toujours précéder l’utilisation des biomarqueurs. En effet, la probabilité d’un résultat fiable varie selon le profil cognitif du patient. Chez les personnes présentant des troubles de la mémoire typiques de la maladie d’Alzheimer, le test sanguin est un outil puissant et fiable pour confirmer ou infirmer la présence des lésions de la maladie d'Alzheimer dans le cerveau. Mais chez celles ayant des troubles plus atypiques ou des plaintes subjectives sans altération cognitive évidente aux tests de mémoire, son interprétation devient plus complexe et le risque de faux positifs (= risque que le test revienne anormal alors qu'il n'en est rien en réalité) augmente jusqu'à 40 % !
Ces résultats apportent un message important dans le contexte actuel où les États-Unis s’orientent vers un diagnostic purement biologique de la maladie d’Alzheimer, basé exclusivement sur les biomarqueurs, sans prise en compte du profil clinique du patient. Cette approche diffère de la vision défendue par l’International Working Group (IWG), dirigé par le Pr Bruno Dubois, qui propose une définition clinico-biologique de la maladie. Selon ce modèle, un diagnostic précis repose à la fois sur l’analyse des biomarqueurs et sur une évaluation détaillée des symptômes cognitifs et neurologiques du patient.
En ce sens, l’étude MEMENTO conforte l’approche prônée par l’IWG : les biomarqueurs sanguins sont une avancée majeure, mais leur utilisation ne doit pas se substituer à une évaluation clinique approfondie. Seule une approche combinée permettra de garantir un diagnostic fiable et d’éviter des erreurs aux conséquences majeures pour les patients et leurs familles.
Ces résultats viennent d’être publiés dans JAMA Neurology, l’une des revues internationales les plus prestigieuses dans le domaine de la neurologie, soulignant ainsi leur importance pour la communauté scientifique et la prise en charge future des patients.



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